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Situé au cœur des 5 “boroughs“, l’East River occupe une position singulière dans la ville de New York. Contrôlée par une myriade de petites agences publiques, l’East River et ses quais n’ont pas connus les mêmes efforts réalisés pour l’Hudson. Le résultat est donc la “sous-utilisation“ et la coupure du reste de la ville des berges de l’East River, et ceci pendant des décennies. Durant le siècle dernier l’East River faisait plutôt figure d’endroit peu rassurant, intéressant pour y tourner des films, pas pour s’y aventurer.

Dans le monde entier, les villes commencent à redécouvrir leurs berges, la transformation de l’industrie navale est apparue déjà il y a quelques décennies et pourtant beaucoup de centres industriels portuaires ou fluviaux ont été longs à changer. Ces vingt dernières années nous avons pu voir des métropoles prendre profit de ces lieux “uniques“, Londres et Barcelone ont su, grâce à de gros investissements, convertir ces quais industriels en espaces publics, ces derniers jouant un rôle déterminant dans l’aménagement urbain.
C’est peut-être temps, ici à New York, ville qui est victime d’une super-densification, de prendre conscience du potentiel de l’East River et de ses quais.

Aujourd’hui un pont habité reliant le quartier de East Village à l’Ouest, plutôt résidentiel, au quartier de Williambsurg et Greenpoint à l’Est, encore hier très industriel, pourrait paraître un peu à sens unique. De Manhattan, qui franchirait la Rivière pour se rendre dans un quartier désert, vide de toute âme le jour comme la nuit ? Et donc inversement qui pourrait bien faire le voyage inverse.
Appliqué aujourd’hui le projet paraît effectivement voué à l’échec, mais si l’on se projette dans l’avenir, et quelques années seulement, la ville de New York n’en a pas besoin de beaucoup plus, alors il ne semble pas aussi ridicule.
En effet, le manque de logements dans l’île de Manhattan est indiscutable, et si l’on se réfère à l’histoire, les anciens sites industriels au sud de l’île sont aujourd’hui devenus des logements de luxe, où les prix ont atteint des sommets.

“Des milliers d’ouvriers travaillaient dans de grands espaces s’étendant sur tout un étage d’un immeuble industriel et qui, de nos jours, sous le nom de lofts, font le bonheur des peintres, de sculpteurs, de photographes et de jeunes bourgeois aventureux.“

Nombreux sont alors ceux qui, découragés par ces tarifs, associés aux craintes nées du 11 septembre, quittent l’île pour les autres “boroughs“ et en particulier Brooklyn. Il n’est pas alors difficile d’imaginer que les quartiers de Williamsburg et de Greenpoint ont alors devant eux leurs plus belles années. La réhabilitation de ces entrepôts et autres usines a déjà débuté et devrait explosait incessamment.
Sur l’autre Berge, East Village, installé sur les alphabetics avenues, était il y a encore peu de temps certainement un des quartiers les plus mal famé de Manhattan, on y trouvait les dealers et l’insécurité, aujourd’hui grâce à la politique Zéro Tolérance de Giuliani et le “boum“ des nouvelles technologies, le quartier a radicalement changé de visage et la jeune génération, dynamique et créative y ainsi pris ses nouvelles racines. Si l’on dit que New York ne dort jamais nous en avons la démonstration ici.
Associé aux nombreux “Projects“, logements sociaux, East Village est un quartier tolérant, cosmopolite à l’extrême et très dynamique.

Un pont, dans la conjoncture que je viens de présenter, apparaît alors plutôt comme un futur besoin, il n’est donc pas trop tôt pour l’imaginer, il n’est donc pas ridicule de lui ajouter d’autres fonctions pour le rendre plus attractif, parce que “innover à New York“ c’est presque un pléonasme.

Les citations en italique proviennent du livre Manhattan, La fabuleuse histoire de New York, des Indiens à l'an 2000. Anka Muhlstein, éditions grasset. 1986.