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  Les Ponts Habités
  Projets du 3è Millénaire
  Le pont habité vers un élément de projet urbain ?
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Les Ponts Habités
 

Le pont habité, on l’a compris, offre des fonctions supplémentaires. Sa spécificité réside dans le fait qu’il est enrichi par la présence d’architectures construites, ce qui suppose que le but n’est pas nécessairement de passer de l’autre côté : on s’y arrête pour contempler les vitrines des magasins, on flâne, et mieux, on peut même y vivre ! Ce sont ces notions qui nécessitent de donner une nouvelle définition, cette fois plus “sensible“ du pont habité.

“Le pont habité est celui qui — en plus de sa vocation publique de franchissement d’un obstacle naturel (une rivière) ou artificiel (un canal, une autoroute ou des voies ferrées) — sert d’élément de liaison organique entre deux quartiers ou pôles urbains en les reliant par un développement linéaire continu de bâtiments construits sur le tablier du pont pour y accueillir en permanence diverses activités sociales et urbaines. Tout pont habité a donc une double composante et comporte une infrastructure (la plate-forme qui enjambe l’obstacle) et une superstructure architecturale ; celle-ci confère alors à l’ensemble une “plus value“ à la fois fonctionnelle, économique et sociale, mais aussi une plus value culturelle, symbolique et affective. Cette pluralité assure au pont un pouvoir d’attraction complémentaire, qui concilie des valeurs quantitatives et qualitatives. Le pont habité est un élément de cohérence urbaine, en instaurant une continuité linéaire là où il y avait par définition une coupure dans le tissu urbain ; il dote d’une connotation positive un lieu marqué négativement par une césure, par un vide. Le pont habité agit donc dans la ville comme un aimant fédérateur. Il est par essence polyvalent et porteur d’une diversité multifonctionnelle. Par opposition, les ponts ordinaires — en n’assurant que la seule fonction du trafic -— sont monofonctionnels et ne satisfont pas à ce critère de complexité qui est fondamental et indispensable pour créer des lieux propre à l’épanouissement de la vie urbaine.“
Ainsi naît une synergie rare entre ingénierie et architecture, entre fonctionnalisme et agrément, entre rationalisme et charme, entre valeurs matérielles et affectives.

1] Les ponts habités dans l’Histoire


Ils apparaissent en Europe dès le Moyen ge, au XIè ou au XIIè siècle selon les pays et les régions. L’apogée du genre se situe essentiellement entre la fin du Moyen ge et le XVIè siècle. Suite à diverses perversions et dénaturation, un déclin s’amorce durant le XVIIè siècle. Le dernier pont habité de la période préindustrielle est construit en Angleterre, à Bath, par l’architecte Robert Adam, à la fin du XVIIIè siècle. La démolition de la plupart d’entre eux se généralisent alors.


1.1 ] Le Moyen Age :


Le Moyen Age en Europe a connu la construction abondante de ponts habités. La France en a même compté plus d’une trentaine. Ce type de constructions fut encouragé par la configuration des villes fortifiées de cette époque, elles ne laissaient que peu d’espaces libres à cause de leurs tissus urbains très denses. La moindre présence d’espaces libres, même le tablier de ponts joignant les deux rives de la ville, présentait des possibilités. Tout type de bâtiment pris naturellement place sur les ponts : habitations, commerces, lieux de cultes…
Différentes communautés s’installèrent sur ces nouveaux édifices, les grossistes, les bouchers, les forgerons et ce jusqu’à des catégories plus prestigieuses comme les bijoutiers, joailliers. Initialement, ces commerçants commencèrent leurs activités, abrités sous des kiosques, échappant à toutes sanctions administratives. Ceci aurait été le cas à Venise, où les magistrats responsables du pont décidèrent alors d’intervenir afin de régulariser les activités commerciales et d’en tirer évidemment quelques bénéfices.
Après 1500, les autorités régulant les ponts habités encouragèrent la formation de concentration de commerces de luxes, ce qui fut le cas à Paris au Grand Pont (plus tard Pont du Change). Le Roi poussa les agents de change à regrouper leurs activités sur ce pont, bien sûr régis par la Cour. Cette concentration attira ensuite des activités commerciales relatives à ces agents de change comme les bijoutiers et joailliers. De tels cas, que nous allons présenter un peu plus loin, ont existé à Londres, Paris, Florence… et représente le modèle le plus commun.
Mais d’autres ponts habités ont vu sur leur tablier des bâtiments et des fonctions un peu plus inhabituelles.


1.1.A ] Le “pont-chapelle“ :


Les ruines de St Bénézet à Avignon sont les rares vestiges de ponts possédant une chapelle. Ces édifices étaient pourtant très courant au Moyen ge.
Un pont était perçu avec admiration lorsqu’il résistait à la furie des eaux. La construction d’une chapelle, très souvent dédiée à St Nicolas, patron des navigateurs, était la manifestation matérielle de cette admiration et le financement s’effectuait grâce aux dons, aumônes ou autres aides épiscopales. De tels ponts virent le jour en Italie aux alentour de la moitié du XIIè siècle, et se développèrent rapidement en Europe.


1.1.B ] Les ponts fortifiés :


Par leurs apparences monumentales, les ponts fortifiés ont continué d’inspiré les ingénieurs bien après qu’ils aient perdus leur rôle défensif. Construit à la fin du XIXè siècle, le Tower Bridge de Londres en est un exemple.
Traditionnellement les ponts fortifiés faisaient pourtant partie intégrale du système défensif des villes. Avec les changements de tactiques militaires et l’expansion des villes au-delà des murs, les ponts fortifiés ont peu à peu perdu leur fonction originale. Nombres de ponts fortifiés ont vu leurs tours détruites après le XVIIIè siècle, laissant plus d’espace au trafic toujours grandissant.
L’élément le plus représentatif du pont fortifié était la tour avec ses herses et meurtrières bloquant l’ennemi.


1.1.C ] Les ponts ruraux :


Normalement construits exclusivement sur des terrains privés, les ponts habités ruraux étaient le fruit de fantaisies personnelles. Ils peuvent être classés selon deux larges catégories : “pont-château“, contenant des habitations, et “pont-jardin“, simple objet décoratif.
La France possède deux “ponts-châteaux“ : le Château de Fère-en-Tardenois aujourd’hui en ruines, et le Château de Chenonceau dans la vallée de la Loire.

1.2 ] Importance géographique :


Historiquement parlant, le pont habité est un concept et une pratique spécifique aux villes d’Europe. Toutefois, il n’existe aucune trace significative ni au sud de l’Europe (Espagne, Portugal, Grèce) ni au nord (Scandinavie), ni en Europe de l’Est. Les pays majoritairement concernés sont l’Angleterre, la France et l’Italie ; l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Belgique et la Hollande l’étant aussi, mais dans une moindre mesure.
Il faut signaler que nous avons trouvé quelques très rares réalisations au Moyen-Orient et en Asie (Népal), qui ne semblent pas s’inscrire dans une tradition continue. Le pont-barrage, en Iran, édifié au XVIIè siècle à Isfahan, est l’exemple le plus abouti que nous connaissons. C’est un chef-d’œuvre d’ingénierie et d’architecture d’un extrême raffinement, mais qui relève d’une logique assez différente de celle des ponts habités d’Europe. Quand aux Etats-Unis, ils n’ont découvert ce modèle qu’au début du XXè siècle.
Dans les pages qui suivent, nous allons découvrir l’histoire des premiers ponts habités, ceux qui ont pris places à Londres, Paris, Florence et Venise, et qui ont, d’une façon ou d’une autre, participé très activement à leurs histoires.

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