Introduction
  Les Ponts
  Les Ponts Habités
  Projets du 3è Millénaire
  Le pont habité vers un élément de projet urbain ?
  Conclusion
  Bibliographie
 
  Vos commentaires

 
Les Ponts Habités
 
3.2.B ] La grande saga des ponts habités de Londres


L'histoire du Old London Bridge, segment de ville longtemps solitaire et donc plus essentiel pour Londres que les ponts de Paris, devient une vaste fresque qui va de 1209 à 1758, un véritable roman architectonique, avec ses différentes phases de construction, ses incendies, ses drames, ses quartiers, ses péripéties saisonnières.
“On retient les visions de la Tamise glacée, où le vieux London Bridge perd son utilité sans pour autant rapprocher les villages des deux rives. Les arches en étaient singulièrement resserrées, formant comme une sorte de grille, comme s'il fallait non seulement franchir, mais aussi organiser le trafic du grand fleuve. Le problème trouvera une autre solution avec la construction, au tournant du siècle (1894), du Tower Bridge, dont le dessin pseudo-médiéval laisse loin derrière lui tous nos Viollet-le-Duc.“
C’est sans nul doute cette histoire du Old London Bridge qui inspira et inspire encore grand nombre d’architectes à Londres. Quel prestige d’inscrire son style dans une telle mégalopole ! Urbanistes et architectes voient surtout dans le pont habité la possibilité de donner un fort dynamisme à la ville. La Tamise se révèle large, près de trois cents mètres et freine ainsi les échanges entre les deux rives. La solution du pont habité, qui ne procure pas simplement la fonction de franchissement, tente par l’attraction qu’il suscite avec ses commerces, ses services, etc., de devenir un lien vivant entre les deux parties de la ville. Ainsi les architectes essayent de convaincre élus, investisseurs, et population mais encore aujourd’hui sans grand succès.


Une réhabilitation du Tower Bridge vu par Holden.


En 1948, Holden suggéra de restructurer complètement le célèbre Tower Bridge de Londres, en l’enveloppant d’une deuxième peau de verre permettant de greffer vingt mille mètres carrés de bureaux autour des deux tours et des tabliers latéraux du pont. C’est le premier exemple connu d’un pont habité conçu pour accueillir des activités tertiaires.
Le pont comme nous pouvons l’observer aujourd’hui fut dessiné par l’Architecte de la Ville, Sir Horace Jones en collaboration avec l’ingénieur Sir John Wolfe Barry en 1894.
Mais La Tower Bridge de Londres n’est pas un pont habité, au sens propre du terme, car il n’a pas d’autres fonctions que celle de permettre aux véhicules de franchir la Tamise. Ces deux immenses tours néo-gothique rappellent le rôle défensif des ponts fortifiés du Moyen ge comme celui de Cahors en France. En réalité, ces deux tours accueillaient la machinerie nécessaire au fonctionnement du pont à bascules qui pouvait laisser le passage aux gros bateaux partant vers l’océan.
Néanmoins, c’est une structure importante depuis que l’impact de son architecture permis de dynamiser les deux rives de la Tamise, jouant un rôle symbolique pour la ville de Londres. Le problème de construire un nouveau pont près du Tower Bridge fut posé quand, plus d’un million de personnes s’installèrent à l’est du London Bridge, le plus vieux des ponts de Londres, et durent traverser la Tamise en bateaux-navettes ou en métro. Nombres de projets furent élaborés pour un nouveau pont qui aurait permis le passage des piétons, des véhicules mais aussi des gros ferrys.
Le Tower Bridge fut endommagé par les bombardements de la Deuxième Guerre Mondiale. Plutôt que de le restaurer, W.F.C. Holden préféra lui, proposer à la Bridge House Fund en 1943, sans pour autant être sollicité, un Crystal Tower Bridge. Son idée était de remplacer le pont par une immense superstructure en verre formant une surface de plus de 7 000 mètres carrés de bureaux. Le projet n’inspira guère, et le pont fut restauré à son état original.


Un pont-ville pour Seifert.


Ce Pont-Ville de 1980 est une proposition sérieuse, commercialement viable, pour un nouveau pont franchissant la Tamise. Son concepteur, John Seifert, proposait d’offrir une alternative aux 30 000 personnes utilisant le London Bridge chaque jour pour se rendre en ville.
Reliant le Billingsgate Market sur la rive nord à Tooley Street au sud, le pont aurait été occupé de services publics, de magasins et de bureaux.
“Le principe fondamental du concept est que le pont ne possède pas uniquement la fonction de passage mais il offre une rue aux attractions diverses enrichissant la vie de Londres et attirant la population vers la Tamise.“
Au cœur du projet, on trouve une place publique de la taille de celle de Leicester, avec des arbres, une patinoire, des cafés… Deux restaurants surplombant la place sont desservis par des ascenseurs extérieurs offrant un magnifique panorama. Dans le projet, le pont dispose de 4 500 m2 de magasins et loisirs, 5 000 m2 d’espaces publics, et 30 000 m2 partagés entre bureaux et habitations.


Le Pont Hungerford. Richard Rogers et partenaires.


Le premier pont Hungerford dessiné en 1836 par Isambard Kingdom Brunel cherchait à attirer des clients pour le marché du Charing Cross sur la rive sud de la Tamise. Finalement le marché ferma, et le terrain fut acheté par la compagnie des chemins de fer de Charing Cross qui inaugura en 1864 son nouveau Terminus : le Charing Cross Terminus. Le pont dessiné par Brunel fut alors démonté, ses câbles réutilisés pour le pont suspendu de Clifton, et ses piliers servirent à la construction d’un pont piéton et de chemin de fer.
Le pont Hungerford fut ensuite l’objet de nombreux projets de réhabilitations : en 1906, à Londres, Colcutt proposa de restructurer le Charring Cross Bridge sur la Tamise en y imbriquant une centaine de boutiques, rendant ainsi un nouvel hommage au Ponte Vecchio de Florence.
C’est en 1986 que Richard Rogers proposa sa démolition complète, stoppant ainsi les trains pour la Charing Cross Station sur la rive sud, à Waterloo Station. Il exposa à la Royal Academy of Arts un “pont-île“ remplaçant complètement le précédent, équipé d’un module de transport permettant aux piétons de franchir la Tamise. Ce n’est que récemment que le Cross River Partnership associé aux 5 banlieues de Londres a organisé, en relation au projet Millenium, un concours pour la réhabilitation du pont.
Les plans d’urbanisation que Richard Rogers présenta à la Royal Academy en 1986 cherchaient principalement à renforcer les liens entre la rive sud et nord mais aussi à consolider les espaces publics du cœur de Londres. Deux interventions radicales sur les transports fondaient sa proposition : le détournement de l’Embankment Road sous le fleuve, et la transformation de Charing Cross dans le but de former un pôle d’échanges avec Waterloo Station.
Le détournement de la route rend possible le lien entre tous les jardins existants sur la rive avec le “linear park“ de plus d’un kilomètre de long. La transformation de la Charing Cross Station s’effectue par le remplacement du large et inélégant Pont Hungerford par une passerelle pédestre légère, supportant un train-navette suspendu, et reliant la rive sud et sa nouvelle gare à la station de métro Embankment et Trafalgar Square.
Avec un mât aligné avec Northumberland Avenue, le nouveau pont crée ainsi une route directe de Trafalgar Square à la rive sud. En d’autres termes, la relation de la rive sud avec le centre de Londres devient plus claire et immédiate. La nouvelle passerelle était dessinée pour être aussi légère que possible, dégageant au maximum la courbe que fait la Tamise à ce niveau. Trois tours — recevant salles d’expositions, plate-forme panoramique, cafés et restaurants — décomposent la vue et interagissent avec les Tours de la Maison du Parlement.
Une commission de 1995 cherchant à revitaliser la rive sud pousse Richard Rogers à poursuivre ses propositions ; ces dernières renforcent les liens entre la rive sud et son voisinage immédiat ainsi que la rive sud et nord de la Tamise. Le Pont d’Hungerford était vu auparavant comme une suite de connexions visant surtout à créer un accès fort entre Trafalgar Square et Waterloo Station. Deux routes, une locale, l’autre métropolitaine, sont proposées le long de l’axe du pont : la première, un tapis roulant sur le côté nord du pont, reliant Charring Cross à sa proche localité sur la rive sud, et la seconde, un pont habité le long du côté sud, avec une rue à l’échelle de la ville reliant Trafalgar Square à Waterloo Station.
Différent de celui de 1986, ce dernier projet acceptait la contrainte du pont déjà existant et proposait de nouveaux espaces publics suspendus au-dessus du fleuve. L’effet de ces nouveaux espaces auraient pu être, en rendant plus proche les deux rives, de faire traverser les gens plus massivement d’une rive à l’autre. Comme son prédécesseur en 1986, ce pont habité aurait compris magasins, bars, cafés et restaurants, ainsi qu’une vue panoramique splendide en aval sur la Cathédrale St Paul, mais aussi en amont sur la Maison du Parlement.


3.2.C ] Au Moyen Orient


Pour achever ce tour des ponts habités dans le temps et dans l’espace, nous allons découvrir le projet de Bellini à Dubaï. Il symbolise l’internationalisation du concept, imaginé ici comme repère ou symbole de la capitale financière du Moyen Orient. Ce qui aurait pu devenir la “Tour Eiffel“ de Dubaï est la démonstration du succès des ponts habités.


Bellini à Dubaï.


Dubaï est une ville divisée, Deira s’étend vers le nord de Al-Khor Creek et Bur Dubaï vers le sud. Les seules connexions entre les deux se fait par un tunnel et deux ponts pour automobiles. Le Dubaï Pearl Bridge proposé par Bellini tente de réunir ces deux côtés pour rendre la ville plus cohérente.
Abu Dhabi, rapidement devenu le centre des finances du Moyen Orient, émet donc le besoin d’un repère “bâti“, ce dernier pouvant recevoir un centre de conférence international. Les dessins de Bellini en 1996 incluent un auditorium de 2 500 sièges de la forme d’une perle (en référence à l’industrie de la perle pour laquelle Abu Dhabi est réputée), formant la clef de voûte du projet. Autour de l’auditorium, 60 000 m2 peuvent être utilisé pour les services relatifs au centre de conférence, le Stock Exchange des Émirats Arabes Unis, un hôtel de 400 chambres, des bureaux, une clinique, des appartements de luxe et des loisirs divers. Une galerie de 14 mètres de large traverse la crique dans le bâtiment, alors qu’une passerelle externe fournit une magnifique promenade pour la saison douce. La structure longue de 480 mètres et large de 60, culmine à une hauteur de 90 mètres. Aux deux extrémités du pont des vastes parkings permettent un accès facile aux services offerts par le pont et réduit le besoin des voitures à traverser du sud à Deira, déjà très encombré.

www.nartwork.com site internet arthur gential communication d'architecture
arthur gential diplome d'architetcure, un pont habité à new york