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  Le pont habité vers un élément de projet urbain ?
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Le Ponts habité vers un élément de projet urbain ?
 

4] Comment rendre possible la construction de ponts habités.


4.1 ] Le pont habité, producteur de terrain “artificiel“.


Dans le système économique français actuel, produire un bien qui est rare sur le marché est une des seules façons efficaces de lutter contre l’augmentation artificielle de la “valeur marchande“ de ce bien. Ce raisonnement, aux applications quotidiennes et multiples dans tout secteur d’activités, n’a jamais été mis en œuvre dans le secteur de la construction, encore moins dans le domaine plus restreint de la réalité territoriale, du support des constructions. Le terrain a été et reste une constante sans déformation, sans évolution, sans dimension nouvelle, dans le processus de concrétisation du domaine bâti.
Un des blocages urbanistiques majeurs est l’impossibilité de produire par notre société, un des biens de consommation : le terrain (le sol). Il s’agit à partir de luttes urbaines, des inégalités et de tous les mécanismes de la revendication urbanistique d’aboutir, non pas à des objets architecturaux sophistiqués, où tout est justifié par la forme car il s’agit de produire un formidable bien de consommation collectif : du sol artificiel, support d’activités.
Les ponts “urbanisés“ sont des modèles pouvant aboutir à la production de terrains “artificiels“ ; on pourrait aussi envisager de produire du terrain artificiel en “urbanisant“, par exemple, les ponts existants.
Nombres de villes, moyennes ou grandes en France pourraient ainsi ne pas s’agrandir en “tâche d’huile“, d’une façon incontrôlable, mais au contraire, voire leur centre densifié, restructuré, rendu à la vie après avoir le plus souvent succombé à l’étouffement par les voitures en circulation ou étalées sur des parkings dévoreurs d’espaces.
Le pont étant un terrain communal, ses fondations étant implantées sur des terrains de la même appartenance, on se trouve donc en présence d’un objet qui échappe totalement au contrôle du secteur privé. Si, par ailleurs, et suivant des plans judicieusement établis, sur ce premier niveau de terrain “artificiel“, on en dispose d’autres de façon à ne pas gêner l’ensoleillement, ni la vue, on obtient, alors d’autres surfaces de terrain “artificiel“ !
Mais cette problématique ouvre un autre débat, la production de terrains artificiels appartenant à la collectivité. L’expérience historique montre qu’à chaque fois que l’occupation physique d’un pont a été effectuée par un groupe d’habitants, il s’est produit sur ce pont (qu’il s’agisse de Paris ou de Londres) un phénomène de coagulation sociale, un phénomène que la classique juxtaposition des constructions n’impliquait nulle part. Une communauté d’idées et d’intérêts se dégageait de la cohabitation d’un lieu “pas comme les autres“ qui, malgré toutes ses particularités, s’inscrivait remarquablement dans les tissus urbains respectifs et existants.
Les ponts “urbanisés“ semblent aujourd’hui, le seul vecteur capable d’entraîner un changement de comportement tant du public que de l’administration en matière de propriété privée. Les “luttes“ urbaines devront être menées au niveau de la déprivatisation du sol urbain. La ville n’est plus un phénomène qui répond aux caractéristiques d’un groupement d’individualités ; la quasi-totalité des intérêts, des actions, des besoins, est collective ; il est évident alors que ce qui contrecarre le plus dans un tel contexte l’action pour parvenir à des résultats positifs, est le maintien de la propriété privée du sol.


4.2 ] La faisabilité du pont urbanisé


4.2.A ] Pas d’oppositions administratives.


Rien n’empêche à priori, aucun texte en tout cas, dans un plan urbain, la programmation d’un pont habité dans une municipalité. Certes les besoins doivent être réels et argumentés, mais le problème qui semble le plus difficile à régler quant à la décision d’une telle construction demeure un problème de dialogue entre les différents “décideurs“.
Il faut bien sûr inscrire ici la spécificité des rapports entre urbanistes, architectes, et ingénieurs des Ponts et Chaussées qui la plupart du temps veillent simplement à l’application de règlements stérilisants. Le pont urbanisé correspond à la “non-référence“, l’inconnu, donc la nouveauté. Les décideurs préfèrent ne pas “essuyer les plâtres“, plutôt que de prendre des risques dans quelques domaines que ce soit.
Compte tenu de la rareté et de la cherté des terrains, il faut simplement que les élus prennent conscience que le pont est un terrain potentiel et que sa surface peut être multipliée. Si d’autres partenaires du secteur privé viennent s’ajouter, donc si une volonté forte apparaît alors le pont habité pourra sortir des planches à dessins.


4.2.B ] Au niveau technique.


Sur le plan technique, les impossibilités, les difficultés sont les plus diluées, moins sournoises, moins politiques, moins subjectives ; ce ne sont pas des difficultés qui surgissent entre individus, elles sont techniques, elles le restent, et c’est un avantage car le langage ne se dégrade pas au fur et à mesure que chacun défend sa position.
Le pont installé sur un territoire municipal, traversant une rivière ou un fleuve, biens nullement privés, ou enjambant des lignes de chemin de fer, ou simplement deux ou trois rues, tout cela se solutionne par des fondations et des poteaux, des portiques, des planchers, des canalisations et des prestations biens déterminées, qui ne prêtent jamais à confusion.
Exploiter le tablier du pont devient ensuite le projet proprement dit. La superposition de planchers dont la surface sera différenciée pour que l’ensoleillement de toutes les parties puisse être effectif, le jeu par demi-niveaux entiers, produisant la mise en place successive d’ascenseurs, de rampes, escaliers et escalators, l’intégration d’éléments naturels non seulement au pourtour des planchers, mais aussi sur les planchers, en dedans et en dehors, feront du pont urbanisé une véritable “colline verte“, chose non négligeable car ce territoire étant déprivatisé, il peut de ce fait supporter une charge financière mieux que tout terrain soumis à la spéculation.
On a la possibilité de faire pénétrer dans le tissu urbain proprement dit des espaces verts à un moment où le “gargarisme“ écologique bat son plein.


4.2.C ] Au niveau financier


L’argent est évidemment une notion importante à ne pas négliger, mais elle ne pose, à priori, pas de limites insurmontables quant à la construction d’un pont habité. Nous l’avons vu avec le projet de Londres, où la municipalité réclamait des comptes d’ordre esthétiques et urbanistiques, mais ne fournissait pas directement de budget pour la construction en elle-même. Devant la somme des projets de ponts habités on remarque la véritable volonté d’architectes, d’urbanistes, mais aussi le défilement des municipalités. Cette volonté a poussé les passionnés, mais aussi les personnes qui ont vu dans le pont habité un véritable atout pour la ville, à trouver des solutions alternatives. Au lieu de demander des aides ou des financements publics, et peut-être pour servir d’exemple et de marche à suivre, les organisateurs du concours à Londres parle plutôt d’auto-financement, démontrant que non seulement le pont habité est faisable mais aussi viable. On peut aisément imaginer que des investisseurs privés ne seront pas difficiles à convaincre pour miser sur un modèle gonflé d’autant d’avantages.



“Le pont urbanisé autorise une opération complète et certes complexe d’urbanisme sans que la succession de ruptures dans la réalisation vienne perturber la vie urbaine et ses rythmes. Ensuite, ces rythmes se transmettront au pont urbanisé qui s’intégrera au reste du réseau urbain et de sa maille car, il se trouvera pénétré par toutes les viabilités et toutes les activités et, déversera sur la ville tout son contenu et cela en une triple direction : en amont, en aval, et en hauteur.“
Alors, la vie du pont urbanisé sera productrice de phénomènes exceptionnels qui prouveront dans le temps et dans l’espace sa vérité. Le pluralisme du contenu du pont urbanisé est aussi le pluralisme de son contenant en simultanéité, et cela est très important. Très rares sont les tissus urbains qui, sous forme “monolithique“ comme celle du pont urbanisé, peuvent afficher cette diversité simultanée du contenant et du contenu. Bien sûr, le pont urbanisé représente objectivement, une diversion sinon, une transgression dans le tissu urbain existant, voire un corps étranger, une greffe qui peut-être rejeté et dont l’admissibilité, l’intégration ne pourra se faire qu’au prix d’un effort ininterrompu d’assimilation de la part de tous les acteurs du jeu urbain.
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arthur gential diplome d'architetcure, un pont habité à new york